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Date de création : 07.02.2014
Dernière mise à jour :
22.04.2014
178 articles
Christianisme d'Orient et d'Occident aujourd'hui
Dans notre monde qui se déspiritualise, d'une façon générale en Occident ou en Orient (le fanatisme n'étant certes pas le signe d'un bon état spirituel), que ce soit dans l'Hindouisme, le Bouddhisme, la religion juive ou islamique, c'est le Christianisme surtout qui est en avance - si l'on peut dire - dans cette récession ou, en ce qui le concerne, cette dégringolade.
En France, par exemple, un minuscule pourcentage seulement de la jeunesse a une petite connaissance de ce qu'est le christianisme et encore moins une connaissance des Évangiles[26].
1) Ce que l'Orthodoxie et le christianisme d'Orient peuvent apporter
Une des raisons majeures de cette désaffection, souvent exprimée par les fidèles qui désertent les églises, est que le christianisme occidental a perdu depuis longtemps le sens, la pratique, mais surtout les fondements mêmes de ce que sont la liturgie, l'art sacré et la contemplation qui s'y rapportent, dans une incompréhension de ces notions fondées sur un rapport actif et fort avec le monde invisible. Il en résulte aussi, évidemment, une quasi disparition de l'approche mystique qui, par la loi du vide est occupée par les modes, mais peut-être même un peu plus que cela, des pratiques orientales (non chrétiennes) dans lesquelles cette dimension est, sans doute, encore vivante.
Pour dire les choses crûment : la plupart des liturgies catholiques[27], même cathédrales, sont nulles. Vides de beauté, de contemplation, de mystère, qu'apportent les vraies célébrations et l'art sacré liturgique au sens fort de cette notion[28]. Architecture, icônes, lumières, encens, saveur du pain et du vin et surtout chant sacré - au sens précis du terme - doivent contribuer, par tous les sens, à aider à rentrer dans un état de conscience plus profond où un peu du mystère divin peut se révéler à l'âme au-delà des mots. Dans les liturgies occidentales actuelles, à de rares exceptions près, il n'y a plus rien qui s'adresse à l'âme ; le niveau est exclusivement intellectuel et l'ennui se voit sur les visages, des prêtres aussi bien. Les chants, en particulier, sont désastreux et ne touchent pas, loin de là, la conscience profonde ni par la facture ni par l'interprétation ; d'un niveau plus que médiocre musicalement et, trop souvent, textuellement aussi, ils restent profanes, religieux seulement par les mots, insignifiants quant à l'âme et au rapport avec l'invisible. Enfin il n'y a aucune célébration véritable, mais trop souvent un esprit d'animation, d'où il résulte que tout le monde s'ennuie car, bien sûr, ce n'est pas cela que l'on est venu chercher. Le mot âme est généralement incompris et évité : on a choisi avant la communion de faire dire par le ou la fidèle s'adressant au Seigneur, « mais dis seulement une parole afin que je sois guéri(e) » au lieu de « que mon âme soit guérie » de toutes les traditions y compris, bien sûr, la catholique ancienne[29]. C'est peu de choses peut-être, mais c'est très révélateur.
Le drame c'est que les prêtres n'ont aucune formation et l'Église catholique dans son ensemble n'a aucune conscience sur ce qui se passe réellement tant l'incompréhension et l'ignorance du monde liturgique contemplatif se sont installés. Et ceux qui sont conscients de cette nullité n'ont aucune idée sur ce qu'il faut faire ; on met quelques reproductions d'icônes, on se réfugie dans des lieux communs « il faut revenir au latin » ou « il faudrait avoir une chorale » ; mais pour chanter quoi et comment ? Quant à l'architecture des églises récentes, elle est consternante ; il n'y a aucune réflexion sur l'architecture sacrée, sur ce que cela veut dire, sur ce que cela a impliqué dans les mille six cent ans d'architecture chrétienne traditionnelle, alors que l'on a aujourd'hui accès à tant de connaissances et d'information ; mais le rapport au monde invisible, au monde divin intérieur ne signifie plus rien et l'on est fier des salles polyvalentes que l'on nomme églises ou même, récemment, cathédrales.
Or l'Orthodoxie a préservé la liturgie, l'art sacré, la célébration, du moins en grande partie. Avec toutefois une décadence sensible en Russie et en Grèce aussi. La tradition orale s'est, en Russie, en partie perdue dans le chant et la célébration ; le microphone s'est introduit dans les églises grecques sans discernement aucun ; le niveau culturel, dans le sens même de l'art sacré, des prêtres et des évêques est en général très bas. Cependant les Églises d'Occident ont tout à réapprendre des Églises orthodoxes, afin non pas de copier mais de renouer avec leurs propres racines et traditions perdues, orthodoxes occidentales, tradition richissimes et multiples et qui s'étant, par ailleurs, adaptées à tant de langues anciennes peuvent, - mais c'est un travail à la fois inspiré et savant, - s'adapter parfaitement aux langues modernes. On ne réinvente pas l'art sacré, la célébration ; il y a une tradition spirituelle savante, une tradition de sainteté, auprès de laquelle il faut écouter et apprendre. Et d'abord les fondements.
On trouve actuellement des ateliers de peinture d'icônes, suivant les écoles russes ou grecques, mais aussi de fresques à l'occidentale.
Pour le chant la question est plus délicate car, par exemple, le chant « à la russe » aujourd'hui est celui du XIXe s. ; il y a un problème de gammes et d'échelles antiques et d'intervalles naturels que de rares traditions orales ont préservés (la russe n'est actuellement plus un modèle) et de plus il y a un problème de langue. Pour la célébration et le chant, si l'on veut aborder les choses de façon fondamentale, il faut une approche spécifique[30].
Pour la liturgie, une réflexion approfondie sur ses fondements comme Art sacré par excellence et sur ce que signifie, dans la pratique, le rapport avec le monde invisible est nécessaire. C'est un problème décisif pour un renouveau de la pratique chrétienne occidentale. Les leçons orthodoxes orientales et orthodoxes occidentales sont indispensables.
Il y a aussi la question urgente du mariage des prêtres dans le monde. Là aussi les Églises d'Orient ont conservé l'usage antique qui fut longtemps, bien sûr, l'usage occidental catholique. Rappelons que dans cet usage les prêtres doivent être mariés, à moins de vœux particuliers qui les apparentent à des moines. Pendant les premiers siècles les évêques pouvaient être des prêtres mariés, il y a donc eu des papes mariés. À une époque relativement tardive, cependant, les évêques furent choisis, sauf exception, dans la catégorie des prêtres ayant fait les vœux monastiques. C'est toujours l'usage orthodoxe. Le catholicisme a connu plus d'un millénaire de prêtres mariés et les arguments contre cet usage apostolique sont intenables aujourd'hui. La situation catholique actuelle fausse beaucoup de choses et de vocations, y compris des vocations monastiques : beaucoup de moines aujourd'hui auraient choisi la prêtrise dans le monde s'ils avaient pu être mariés.
Les modèles, les modes de vie, l'esprit des monastères orthodoxes et d'Orient sont évidemment d'un intérêt majeur pour toutes les communautés occidentales. Et sur ce point, sans doute, inversement. Nous n'entrerons pas ici dans plus de détails.
L'apport majeur possible de l'Orthodoxie et du christianisme oriental au christianisme occidental c'est bien aujourd'hui qu'il doit se réaliser.
2) Ce que le christianisme occidental peut donner
Mais si les traditions orthodoxes ont su préserver des usages chrétiens antiques, la pratique et le sens profond de la liturgie, une certaine compréhension de l'art sacré et, sans doute, une certaine rigueur et clarté théologiques, toutes choses que l'Occident a perdues, il y a, inversement, une donnée essentielle que les Églises orthodoxes ont oublié depuis longtemps et que le christianisme occidental a su préserver. Il s'agit de la charité.
C'est une vérité que les orthodoxes ont du mal à reconnaître et l'Église orthodoxe, se considérant d'une certaine façon hors de l'histoire, accepte en général difficilement les critiques. Il leur faut cependant avoir la lucidité et le courage de reconnaître certaines réalités.
Comme on le lit souvent dans les textes, les évêques de l'Antiquité chrétienne étaient souvent amenés à vendre les vases sacrés ou trésors de leur église pour racheter les esclaves et les captifs, suivant l'enseignement « amassez plutôt un trésor dans le ciel » et l'exemple de S. Laurent, « le seul trésor de mon église ce sont les pauvres ». La charité passe avant la vénération des objets des églises. Par contre, pour prendre un exemple étonnant, l'Église russe s'est accommodée du servage de son propre peuple jusqu'en 1861, date de l'abolition par Alexandre II, et il ne semble pas qu'elle se soit sentie concernée par cette décision. On peut bien sûr essayer des explications historiques à cela : quand le servage était en grande partie aboli en Occident (XIIIe s. et XIVe s.) la Russie était sous la lourde domination mongole et, à peine libérée, l'Église s'est déchirée dans le raskol et la condamnation des vieux-croyants. Mais, rappelons-le, pour des raisons d'autorité purement ecclésiastique, à la manière « byzantine », et certainement sans aucune considération de charité, puisque, passions passées, la condamnation a duré de fait jusqu'au début du XXe s. Aucune voix, semble-t-il, ne s'est élevée contre cela, ni contre le servage. A Byzance, l'esclavage, y compris des chrétiens, n'a jamais été aboli.
Ce qui touche au domaine de la charité est volontiers qualifié de politique ou de social, mais le social ne semble pas concerner l'Église.
En Occident aussi, et jusqu'à une période assez récente, l'Église a souvent été du côté du pouvoir conservateur et des « riches ». Mais il y a eu toujours des voix et des mouvements allant vers les pauvres et ce que nous appelons le progrès social : l'Hôtel-Dieu, les hospices et tout le système hospitalier du Moyen Âge, renouvelé, en particulier pour les pauvres, par S. Jean de Dieu, en Espagne au XVIe s. et que l'on considère comme un des initiateurs de l'hôpital moderne, S. Vincent de Paul qui institue au XVIIe s., à Paris, l'Assistance publique pour les enfants et défend l'idée fondamentale et toujours actuelle que la lutte contre la pauvreté est un devoir de l'Etat et pas seulement une question d'aumône. S. Vincent est, on peut dire, à l'origine des fondations et organisations caritatives modernes. Il n'y a pas d'équivalent dans l'Orthodoxie, le chapitre de la charité y est depuis longtemps globalement absent[31]. Dans notre siècle mentionnons le mouvement des prêtres-ouvriers, dénoncé d'abord par Pie XII, mais si évident aujourd'hui et caractéristique du christianisme occidental, et l'action de l'abbé Pierre pour la défense des sans-abris ; notons qu'en plein milieu du XXe s. ce doit être le fait d'un prêtre catholique.
Le christianisme occidental qui a perdu la liturgie, l'art sacré, une certaine conscience de l'approche du mystère et du monde intérieur par le silence et la beauté, aussi sans doute une conscience claire de la théologie, a, par contre, gardé la charité. Aujourd'hui ce sont surtout les organisations caritatives chrétiennes occidentales, catholiques et protestantes, par exemple Caritas International, Terre des Hommes, qui vont secourir toutes les famines et catastrophes de par le monde. Ce n'est d'ailleurs que très récemment que des organisations médicales de caractère laïque sont apparues sur la scène internationale. Mais de mouvements ou même de présence orthodoxes il n'y en a pas.
On remarquera, à juste titre, que l'Orthodoxie a eu ses difficultés propres, puisque son existence même était en jeu. Mais on peut se poser la question : n'y a-t-il pas quelque rapport entre l'absence de la dimension charitable dans l'Église orthodoxe russe et les malheurs qui lui sont arrivés ? L'Église n'a-t-elle pas quelque responsabilité, quelque part, dans la catastrophe qui s'est abattue ? Très symboliquement - et sans précédent dans l'histoire - la charité organisée, l'aurait-on voulu, était impossible en Russie soviétique, car interdite (puisqu'une action en ce sens aurait été, par son existence même, une critique du régime).
Nous avons évoqué le caractère d'introversion de l'Orthodoxie jusque dans l'organisation de l'église et de la liturgie : l'attitude debout, au silence imposé, du peuple tenu éloigné, par l'iconostase, du chœur, de l'autel et de la célébration eucharistique, et même du sens de la lecture par une langue (le slavon d'église) incompréhensible pour les fidèles. Alors que l'évêque reste souvent assis : la liturgie alors semble être surtout pour lui. Ce manque de regard vers l'autre, vers les pauvres, commence déjà là.
Le type de la sainteté occidentale diffère également de l'orthodoxe. Nous avons évoqué les figures de S. Jean de Dieu, S. Vincent de Paul, qui n'ont pas d'équivalent en Russie, par exemple. Mais une figure de femme active, à l'action réformatrice comme sainte Thérèse d'Avila (XVIe s.) est évidemment impensable en Russie. Prenons aussi l'exemple, à la fin du XIVe s., de sainte Catherine de Sienne, une de plus grandes saintes de tous les temps. La béatitude et les états d'extase remarquables qu'elle connaît ne lui suffisent pas ; le Christ lui apparaît et lui dit : « Je suis aussi les pauvres, les malades, les prisonniers ». Et la toute jeune fille ira s'occuper des malades de la peste - de ceux en phase terminale que l'hôpital surchargé ne peut plus garder -, des prisonniers, des mourants et d'un condamné à mort qu'elle va assister, ce qui nous vaut des pages d'une hauteur théologique et spirituelle extraordinaire. En même temps sainte Catherine est un grand maître spirituel de prêtres, moines et même du Pape que d'Avignon elle ramène à Rome. Une telle action dans l'Église russe, de plus par une femme, est inimaginable.
Pour notre temps prenons l'exemple de Mère Teresa. Disciple en cela de sainte Catherine, elle quitte son monastère de Yougoslavie pour s'occuper des mourants dans les rues de Calcutta. Ce qui est très symbolique : dans l'Inde d'aujourd'hui il a fallu que ce soit une femme catholique qui entreprenne une telle action. Si elle avait été orthodoxe, ses supérieurs lui auraient dit : « tu restes dans ton monastère et tu pries ». Aller s'occuper des pauvres, une femme, en Inde !
La tradition orthodoxe a beaucoup à apprendre, à réfléchir, sur cette dimension essentielle du christianisme. Dans les mentalités même, l'action sociale, faute de tradition, n'est pas bien comprise par l'Orthodoxie. Ma famille et moi-même avons bien connu un prêtre remarquable d'une église russe à Paris[32] ; ancien de la Cavalerie du Tsar, remarquable par sa culture, son humanité et son expérience de la vie, sa modestie, la durée de son ministère (près d'une cinquantaine d'années). Il avait lors d'une conversation, dans les années soixante-dix, sur Mère Teresa, beaucoup de réticence à reconnaître l'importance de l'action de celle-ci dans le cadre de l'Église. Tout en reconnaissant son courage et sa grande valeur humaine, il me disait : « mais c'est du social, ce n'est pas le rôle de l'Église ». Un commandement du Christ avait du mal à passer : non pas pour l'homme de cœur, mais pour l'homme d'Église.
Dans le Moscou d'aujourd'hui, au milieu de tant de pauvreté, la première et, semble-t-il, la seule soupe populaire organisée est celle de la mission de Mère Teresa.
Il faut signaler cependant quelques initiatives remarquables, actuellement, dans le monde orthodoxe. En Occident l'Église russe du Patriarcat de Constantinople a organisé une action en faveur des enfants pauvres en Russie. À Moscou, l'action du père Men assassiné (en 1990) continue à l'église Côme et Damien, en particulier pour les enfants malades. Mais il s'agit d'une action très minoritaire. En Grèce actuellement un mouvement caritatif important se dessine. L'Église orthodoxe doit retrouver cette dimension qu'elle a perdue et que l'Occident, pour l'honneur du christianisme occidental, a toujours préservée.
Perspectives
Pour le renouveau de la vitalité et de l'universalité du Christianisme, l'unité, dans la diversité de ses composantes d'Orient et d'Occident est évidemment indispensable. Mais aussi un retour aux racines les plus fondamentales ; les Églises d'Occident et d'Orient peuvent s'aider mutuellement en ce sens. L'Occident qui s'est, sans doute, trop donné dans l'ouverture et le social doit absolument retrouver la signification du mystère et de la liturgie profonde. L'Orthodoxie russe, refermée sur ses mystères et loin du peuple, doit retrouver la dimension de charité. Alors la force du christianisme dans sa beauté et sa charité universelle pourra renaître.
Si l'on peut dire que, pour les Églises d'Occident et d'Orient, le premier millénaire a été celui de l'unité et le deuxième celui de la séparation, le troisième millénaire doit être celui de la réunion et de l'harmonie initiale retrouvée.
[1]. On oppose ainsi souvent un Islam idéalisé, raffiné et mystique (par exemple du XIIIe s.), à un Occident médiéval supposé grossier ou à l'Occident moderne, certes pas très mystique. Ou inversement, on oppose un Christianisme idéal au fanatisme islamique actuel. C'est facile mais, sans doute, tout à fait stérile.
[2]. Pour les icônes et le chant chrétien occidental antique, voir plus loin. Mentionnons ici l'argument classique et rabâché de l'origine « arabe » du chant Flamenco (ou Cante Jondo) ; mais il faut d'abord se demander quelle était la culture et la tradition du chant ibérique ou hispanique avant l'occupation arabo-berbère. De même de cette influence sur le chant des troubadours : on ignore en général la tradition, richissime de chant et de poésie de cette époque et des précédentes, par ailleurs, dans les provinces du Sud-Ouest. Ici encore les traditions occidentales anciennes sont méconnues.
[3]. J. J. HATT, Histoire de la Gaule Romaine, Paris, 1970, p. 237.
[4]. Ibid., p. 253.
[5]. C. JULIAN, Histoire de la Gaule, t.VII, Paris, 1926, p. 248.
[6]. J. J. HATT, « La vision de Constantin et l'origine celtique du labarum », Latomus, t.IX, pp. 427-436.
[7]. Voir A. GRABAR, Martyrium : Recherches sur le culte des reliques et l'art chrétien antique, 2 vol., Paris, 1943-1946.
[8]. La première, incendiée en 532. Reconstruite et agrandie par Justinien au VIe s. : c'est cette basilique à la coupole immense, édifice en tout point remarquable que nous voyons encore aujourd'hui.
[9]. L'invention par contre remonte au théâtre antique grec (par exemple à Epidaure). La référence est dans le traité latin d'architecture de Vitruve (1er s.). Sur la continuité de l'architecture des temps romains du IVe s. jusqu'à l'art roman, consulter A. CORBOZ, Haut Moyen Age, dans la collection Architecture universelle, Fribourg, 1970 ; sur l'architecture romaine : Empire romain de G. PICARD, dans la même collection, 1964.
[10]. Reproduit dans A. GRABAR Les voies de la création en iconographie chrétienne, Paris, 1979, p. 231.
[11]. Gravure sur métal, voir F. VAN DER MEER et CH. MOHRMANN, Atlas de l'Antiquité chrétienne, Paris - Bruxelles, 1960, p. 74. Pour tout ce qui concerne l'Antiquité chrétienne, voir aussi F. CABROL, H. LECLERCQ, H.I. MARROU, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, Paris, 1908-1953.
[12]. Sidoine Apollinaire, Lettres, IV, 18,4 sur S. Martin de Tours et Lettres, II, 10,3 sur S. Etienne de Lyon„ au Ve s. Pour la citation, Lettres, IX, 9,13, traduction A. Loyen, Paris (Belles Lettres), 1970.
[13]. Voir sur ce point I. REZNIKOFF, « La transcendance, le corps et l'icône dans les fondements de l'art sacré et de la liturgie », Nicée II (787 - 1987), Actes du Colloque Nicée II, Paris, 1986, F. Boespflug et N. Lossky éd., Paris, 1987, pp.375-391. Rappelons que Nicée II a été le Concile qui en 787 rétablit (du moins théoriquement) la vénération des icônes.
[14]. Reproduite dans J. HUBERT, J. PORCHER, W. F. VOLBACH, L'Europe des Invasions, collect. L'Univers des Formes (Gallimard), Paris, 1967, p. 114.
[15]. Musée National d'Irlande (Dublin), R4015. Voir Trésors d'Irlande, catalogue de l'exposition, Grand Palais, Paris, 1982, p. 150.
[16]. C'est l'idée de E. WERNER, The Sacred Bridge, Londres, 1959, pour qui le chant grégorien dérive, en partie par le byzantin, du chant juif synagogal. Mais Werner, très érudit par ailleurs, ne connaît visiblement pas grand chose de la tradition du chant occidental antique, en particulier des Gaules ou d'Italie. Que la liturgie chrétienne soit imprégnée de la tradition synagogale (psaumes, Sanctus, etc.) est évidence ; autre chose est la pratique orale et la manière de chanter, la tradition du chant des Gaules, par exemple, est richissime. Parler d'influences sans la connaître est une erreur méthodologique fondamentale (voir le début de l'article) ; pour Werner l'Occident n'a jamais chanté avant le contact avec l'Orient juif ou chrétien.
[17]. Pour un résumé : I. REZNIKOFF, « Le chant chrétien occidental antique », in Le Grand Atlas des Religions, Paris, 1988. Plus approfondis : I. REZNIKOFF, « Le chant Grégorien et le chant des Gaules », in Actes du Colloque Musique, Littérature et Société au Moyen Âge, Université d'Amiens, mars 1980, Paris (Honoré Champion), 1981, pp. 75-84, et I. REZNIKOFF, « Le chant des Gaules sous les carolingiens », in Haut Moyen Age, Culture, Éducation et Société, Études offertes à P. Riché, M. Sot éd., Paris -(Erasme et Publidix), 1990, pp. 323-342. Voir aussi I. REZNIKOFF, « Le chant occidental antique à la leçon des traditions orales », in Pour une Anthropologie des Voix, N. Revel éd., Paris (Publications Langues O. et L'Harmattan), 1993.
[18]. D'autres traditions, par exemple celle de la musique classique de l'Inde, ont préservé oralement un chant certainement très ancien, mais il n'y a aucune donnée matérielle d'époque ancienne. Pour le chant grec antique on n'a que des fragments de chant essentiellement syllabique. Pour ne pas parler des fragments de traditions plus anciennes dont le déchiffrement est très problématique.
[19]. Écouter Le chant de Fontenay, éd. SM, Paris, 1989 (disque CD).
[20]. Je dois ces renseignements au professeur Cicerone Poghirc, éminent philologue.
[21]. Pour le sinologue anglais Needham la théorie musicale pythagoricienne a même influencé la Chine ancienne ; ceci est évidemment nié par les sinologues chinois. Sans doute la notion élémentaire de consonance et d'harmonie est universelle.
[22]. Le XVIe s. en Italie connaît encore une influence byzantine par les réfugiés grecs, influence qui a certainement marqué la Renaissance.
[23]. De même qu'en Russie les raisons sont surprenantes de la condamnation des vieux-croyants au XVIIe s. : on coupait les mains, déportait et brûlait de bons chrétiens simplement parce qu'ils persistaient à faire le signe de croix à la russe ancienne (la main à la façon du Christ roman bénissant : l'index et le médian vers le haut) et non à la grecque, façon introduite alors. La condamnation qui s'appuyait encore sur deux motifs mineurs, après deux siècles de mépris officiel et de déportations jusqu'en Sibérie, n'a été levée que récemment par le Patriarcat de Moscou.
[24]. Éventuellement de quelle époque. Il y a tant de choses introduites au XVIIe s. et plus tard dans la liturgie russe, par exemple.
[25]. Un travail remarquable de tentative de restauration de la liturgie et de certains rites des Gaules a été accompli par l'évêque Eugraph Kovalevsky (1905-1970). Si l'appellation liturgie de saint Germain de Paris utilisée est certainement abusive, car il y a beaucoup d'autres éléments, ce travail paraît très important pour une réflexion approfondie sur la pratique et la liturgie orthodoxe aujourd'hui, et pas seulement en Occident.
[26]. Moins de cinq pour cent, suivant mes observations personnelles à l'Université de Paris. Alors que près de 30% sont baptisés, très peu, semble-t-il, feront baptiser leurs enfants.
[27]. Et bien sûr protestantes, mais là les choses remontent plus loin. Toutefois certaines Églises luthériennes ont aujourd'hui une remarquable démarche d'approfondissement et de retour à leurs origines liturgiques.
[28]. Voir note 14.
[29]. Il s'agit de la liturgie catholique en français : l'espagnol, l'allemand, ont conservé le mot âme.
[30]. A laquelle l'École de Louange, à Paris, se consacre (11 rue du Parc, 94230 Cachan). Voir I. REZNIKOFF, « Faire revivre la louange », in Terre du ciel, 22, (Lyon) 1994.
[31]. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de personnes à l'action caritative individuelle. Mentionnons la bienheureuse Iouliania (Julienne) au XVIIIe s. en Russie et, en France, avant et pendant la guerre, Mère Marie Skobtsova (1891-1945), que ma famille a, d'ailleurs, connue et considérait, de son vivant, comme une sainte. Voir Mère M. SKOBTSOVA, le Sacrement du Frère, Paris, 1995.
[32]. Le père Alexandre Tourinsev, d'heureuse mémoire, de l'église des Trois Saints Docteurs, à Paris, rattachée au Patriarcat de Moscou.